jeudi 6 juin 2013

Le pingouin, Andreï Kourkov


Ed. Points - 271p.
Mon résumé : Victor, célibataire d'age moyen, Ukrainien, et écrivain "raté", adopte un pingouin au zoo de Kiev qui n'a plus les moyens de s'occuper de ses protégés.
Micha et Victor vont créer une relation d'interdépendance, un mélange entre de l'affection et du besoin l'un de l'autre.
Cette relation va etre, tout au long du roman, ponctuée de divers rebondissements, tous plus ou moins liés à la situation des années 90 en Ukraine, contexte de violence politique.
Victor va se trouver lié malgré lui à toute une machination dont il ne comprend pas grand chose mais à laquelle il est obligé de se plier pour survivre. Il y trouvera meme, un temps, un certain équilibre.

Mon avis : J'ai éprouvé une certaine sympathie pour ce couple singulier Victor-Micha dans lequel transparait beaucoup de tendresse et de compassion.
Les divers évènements qui jalonnent le romans sont très bien orchestrés pour créer un bon rythme.
Il n'y a pas de moment d'ennui ou de longueur malgré les longues périodes d'inactivité auxquelles est parfois confronté Victor.
Pour autant, je n'ai pas ressenti de grande émotion à la lecture de ce roman. La langueur qui y est décrite m'a peut-etre atteinte au point de ne pas me faire vibrer...
C'est un bon roman, bien écrit et assez dépaysant, mais qui ne m'a pas transportée.

Ma note : 3,5/5


samedi 1 juin 2013

La fille de l'hiver, Eowyn Ivey

Ed. Fleuve Noir - 430p.
4è de couverture : L'Alaska, ses forêts impénétrables, ses étendues enneigées. Son silence. Sa solitude. Depuis la mort de leur bébé, le mariage de Mabel et Jack n'a plus jamais été le même. Partir vivre sur ces terres inhospitalières paraissait alors une bonne idée. Seulement, le chagrin et le désir d'enfant les ont suivis là-bas et la rudesse du climat, le travail éreintant aux champs les enferment chacun dans leur douleur.
Jusqu'à ce soir de début d'hiver où, dans un moment d'insouciance, le couple sculpte un bonhomme de neige à qui ils donnent les traits d'une petite fille. Le lendemain matin, celui-ci a fondu et de minuscules empreintes de pas partent en direction de la forêt… Peu de temps après, une petite fille apparaît près de leur cabane, parfois suivie d'un renard roux tout aussi farouche qu'elle.
Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Est-elle une hallucination ou un miracle ? Et si cette petite fille était la clé de ce bonheur qu'ils n'attendaient plus ? Inspiré d'un conte traditionnel russe, La fille de l'hiver est un roman à la fois moderne et intemporel où le réalisme des descriptions n'enlève rien à la poésie d'une histoire merveilleuse… dans tous les sens du terme.

Mon avis : Je quitte avec regret les personnages qui peuplent ce conte émouvant qu'est La fille de l'hiver. Dès les premières pages, je me suis retrouvée projetée dans un autre univers, si réel mais si inconnu.
Tout d'abord, la nature, qui est presque un personnage à part entière, est tantot majestueuse, tantot effrayante mais toujours vraie et sincère. Elle inspire un respect sans bornes.
Puis les personnages en eux-memes sont tous empreints d'une poésie exceptionnelle.
Le couple Esther-George, haut en couleur, Mabel, si sincère dans ses émotions, et Faina, dont on ne sait si elle est une fée, réelle ou imaginaire mais si bouleversante.
Le tout est mené de main de maitre, très bien articulé au point qu'on oublie qu'il ne s'agit que d'un roman.
Et si cette petite fille était bien réelle ?
Certes, la fin a un coté décevant, mais après réflexion, je crois que toutes les fins m'auraient déçue puisque c'est le mot "fin" qui est déchirant...
J'ai bien sur une énorme pensée pour Mousseline en écrivant ces mots pour qui le mot "Fin" s'est " écrit bien trop tot.
Je la remercie infiniment pour la découverte de ce roman, mais aussi pour tout ce qu'elle a fait pour nous les rats.

Ma note : 5/5


dimanche 19 mai 2013

Wisconsin, Mary Relindes Ellis


Ed. 10/18 - 442p.
4è de couverture : La famille Lucas vit dans le nord du Wisconsin, belle terre oubliée peuplée d'ouvriers européens immigrés et d'Indiens Ojibwés. John, violent et alcoolique, passe son temps dans les bars, quand il ne s'acharne pas sur sa femme et ses enfants. L'aîné, James, lassé des frasques paternelles, s'engage pour le Vietnam. Il ne reviendra pas, laissant son jeune frère Bill à ce sombre quotidien. Seuls les Morriseau veillent de loin et le soutiennent pendant le périlleux passage de l'enfance à l'âge d'homme. 
Mais au cœur de cette nature immuable et splendide qui panse les blessures et apaise les peurs, ce qui reste d'amour donne doucement la force de survivre.

Mon avis : Malgré une ambiance et une atmosphère très pesantes, la tendresse ressort nettement entre tous les personnages.
Dès le début du roman, l'amour de James pour son petit frère (Bill) est flagrant. Evidemment, l'adolescence fait son oeuvre avec son lot de moqueries mais la profondeur des sentiments est bien là.
De la même manière, la mère exprime, parfois avec maladresse, mais toujours avec sincérité, un amour indéfectible pour ses deux enfants, bien que le second n'ait pas été désiré.

En contrepartie de cet amour, la méchanceté du père pour sa femme et envers ses enfants va influencer durablement leur vie à chacun : le départ de James pour la guerre du Vietnam sera une façon pour le jeune homme de prouver à son père son courage. Quant à Bill, il suivra involontairement le chemin de son père en tombant lui aussi dans les affres de l'alcool.

Les voisins Morriseau joueront fort heureusement un rôle salvateur dans le destin de cette famille, à force de patience, de gentillesse et de persuasion.

Au-dekà du rôle joué par le père de famille, c'est aussi la guerre qui est presque considérée comme un personnage à part entière tant elle est présente tout au long du roman. 
De nombreux récits seront livrés par le frère aîné, tout comme par les époux Morriseau, chacun ayant l'expérience de leur propre guerre.

L'auteur a mené ce roman avec une grande maîtrise tant dans le côté fouillé des personnages que dans la relation des évènements.

Les sentiments sont décrits avec une grande sensibilité mais également beaucoup de retenue. Elle a su mêlé parfaitement la tristesse avec l'espoir qui ne s'est jamais vraiment éteint.

Un très beau roman, qui m'a permis en outre de découvrir une partie du Wisconsin profond.

Ma note : 4,5/5

mardi 30 avril 2013

Le club des incorrigibles optimistes, Jean-Michel Guénassia

Ed. Le livre de poche - 729p.
Mon résumé : Franck nous entraîne dans son quotidien de jeune adolescent des années 60, dans un contexte social qui cherche à se libérer, dans un contexte politique difficile de Guerre d'Algérie.
Franck tente de comprendre le monde qui l'entoure, ainsi que ses propres sentiments qu'il ne maîtrise pas encore vraiment. Comment gérer les relations avec son frère, avec ses parents, avec les filles ? Comment apprendre à devenir adulte ?
En parallèle de cette France en mutation dans laquelle il vit, Franck va faire la connaissance d'une bande de réfugiés venus de l'Est qui ont créé un club de poker dans le bar du coin, où il se réfugiera régulièrement, où il y trouvera du réconfort, et souvent une oreille attentive. Nous découvrirons donc le passé d'Igor, de Pavel, de Leonid, et le mystérieux Sacha, chacun avec son histoire et son destin bien particuliers.

Mon avis : J.M. Guénassia, par la voix de Franck, nous fait pénétrer directement dans ce quotidien des années 60. N'ayant pas connu moi-même cette époque, j'ai pris un énorme plaisir à le découvrir de l'intérieur. Je n'ai pu faire aucune comparaison avec la réalité, ce qui m'a permis de m'identifier totalement aux personnages et à l'ambiance de cette époque.

Chaque personnage apporte quelque chose de plus dans l'histoire, chacun avec son passé et son caractère bien particulier. Aucun personnage n'est détestable tant le réalisme prend le dessus.
C'est un roman, ça aurait pu être un livre d'histoire. Tous les faits sont décrits et relatés avec précision et sans larmoiement excessif.
J'ai lu ce livre d'une traite, sans ressentir aucun sentiment d'ennui, ni aucune longueur.

Mon seul regret est de ne pas savoir ce que sont devenus les personnages de ce conte.

Ma note : 5/5


samedi 13 avril 2013

La petite fille qui aimait trop les allumettes, Gaëtan Soucy

Ed. Boréal
179p.
4è de couverture : Nous avons dû prendre l'univers en main mon frère et moi car un matin peu avant l'aube papa rendit l'âme sans crier gare. Sa dépouille crispée dans une douleur dont il ne restait plus que l'écorce, ses décrets si subitement tombés en poussière, tout ça gisait dans la chambre de l'étage d'où papa nous commandait tout, la veille encore. Il nous fallait des ordres pour ne pas nous affaisser en morceaux, mon frère et moi, c'était notre mortier. Sans papa nous ne savions rien faire. A peine pouvions-nous par nous-mêmes hésiter, exister, avoir peur, souffrir. Ainsi débute ce récit impossible à raconter, à la fois désopilant et grandiose, plein de surprises et d'enchantements, porté de bout en bout par une langue tout ensemble farfelue et éclatante. Ce qui prouve bien deux choses, si besoin était : à savoir que la littérature est d'abord une fête du langage, et que Gaétan Soucy occupe dans nos lettres une place aussi unique qu'incontestable.
Mon avis : Le style de Gaëtan Soucy, bien qu'assez déroutant de prime abord, est assez exceptionnel.
La maîtrise est parfaite et malgré une expression très surprenante, j'ai très vite embarqué dans la vie de cette "famille" pour le moins bizarre... 

La situation est dramatique, dure et pourrait même être insoutenable.

Cela est sans compter l'innocence du narrateur (ou de la narratrice) qui nous livre ses ressentis et sa vision des évènements de l'intérieur, avec la pureté de son âme.
L'attachement à sa personne est bien réel, au point de ressentir l'envie de la sauver de tous ses démons. Une bien belle découverte.


Ma note : 4/5